Visite de l'exposition

L’exposition « Les gens de Paris, 1926-1936″ offre un nouveau regard sur la population parisienne de l’entre-deux-guerres, en s’appuyant sur les trois recensements de population, réalisés à Paris en 1926, 1931 et 1936.
Depuis le début du 19e siècle, Paris connaît une croissance démographique continue, avec un nombre maximum d’habitants en 1921 (2,89 millions d’habitants), jamais égalé depuis. Pour connaître le chiffre et la composition de la population, chaque commune française procède tous les cinq ans à un recensement donnant lieu à la publication de statistiques. Mais Paris, à la différence des autres communes,  n’a jamais dressé de liste nominative des personnes avant 1926, ce qui rend les recensements de 1926, 1931 et 1936 particulièrement précieux.

Comment sont organisés les recensements à l’époque ?
Le recensement nécessite des moyens humains et matériels importants. Les données de recensements doivent être clairement définies (nom, prénom, adresse, année, lieu de naissance, profession …) et collectées. Le dépouillement des bulletins individuels de recensement est effectué à l’aide d’une machine appelée « classi-compteur-imprimeur » qui facilite le tri des fiches individuelles et familiales. Une photographie montre une employée en pleine utilisation de ce type de matériel. D’autres machines statistiques permettent de produire des diagrammes comme la pyramide des âges, ou des cartes de densité de population illustrant l’évolution détaillée de la population parisienne.

Caractéristiques de la population
La capitale devient urbaine et la population variée, 120 nationalités sont représentées dans la capitale. On y retrouve des visages connus comme Georges Clémenceau ! (Voir son portait réalisé par Emmanuel Gondouin). Les fiches de Missak, Elisabeth, Mamigon et Knar Aznavourian (famille Aznavour) montrent qu’ils résidaient alors à Paris.
À Paris, la moitié des couples mariés vivent sans enfant et les états matrimoniaux des personnes de 15 ans et plus affichent que les célibataires vivant à Paris sont nombreux. Ces hommes et femmes venus chercher du travail souhaitent ne pas rester seuls. Les centres d’attractions sont des lieux de prédilection pour les rencontres telles que le montrent quelques photos de LunaPark dont l’ouverture a fait sensation en 1926.

Répartition des âges
Les recensements permettent de visualiser la structure par âge des Parisiens, notamment grâce à des diagrammes comme la pyramide des âges. Malgré un taux de fécondité relativement faible, le nombre d’enfants dans la capitale reste élevé. Les infrastructures scolaires doivent donc s’adapter : la maquette du groupe scolaire situé au 8 rue Küss  dans le 13e arrondissement, avec ses 20 classes, illustre cette volonté d’accueil et d’éducation. Le registre des pupilles de l’État témoigne quant à lui de l’arrivée et de la prise en charge des enfants confiés à la collectivité.
Face à la baisse de la natalité observée dès 1924, plusieurs mesures sont mises en place pour encourager les naissances : une grande manifestation en faveur de la natalité française, des progrès techniques sur les biberons, et des récompenses pour les familles nombreuses.

Regroupement par catégories de population
Les maquettes des quartiers Est et  des quartiers Ouest parisiens nous projettent dans l’environnement des habitants à cette époque. Le Centre et l’Est insalubre contrastent fortement avec les arrondissements de l’Ouest où vivent les familles aisées.  Avec l’émergence du film documentaire, Paris devient un décor dont l’Ouest incarne le côté prestigieux.

Répartition des métiers
La majorité de la population parisienne travaille mais au tournant de la grave crise économique des années 1930, le chômage se développe, notamment en 1936. Un focus sur les activités des femmes renseigne sur la proportion de femmes exerçant un métier. Plus de la moitié des femmes entre 15 et 64 ans déclarent un emploi. Le diagramme de la part de la population active féminine par secteur d’emploi en 1926 révèle que les métiers dans le service domestique sont les plus nombreux. Pour les hommes le secteur industriel concerne 40 % des emplois masculins.

Diverses photos de femmes et hommes au travail rappellent le monde du travail de cette époque. Le journalisme devient une profession reconnue en 1935.  Les médias et la culture de masse prennent de plus en plus d’ampleur. Les scènes photographiées de rédacteur, transporteur-cycliste, maïs aussi de l’intérieur d’un bureau de service d’information, indiquent les prémices de la naissance de magazines et de journaux devenus ensuite multiples.

A la fin du parcours de l’exposition, il est possible de faire une recherche électronique dans les archives de personnes qui peuplaient Paris entre 1926 et 1936.

Commissariat
Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris
Hélène Ducaté, chargée de mission scientifique au musée Carnavalet – Histoire de Paris
Sandra Brée, chargée de recherche au CNRS au Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA), commissaire invitée

Rédaction : Annick C. , octobre 2025

Les gens de Paris 1926 – 1936