Connu pour ses paysages normands, ses marines et ses scènes de plage, Eugène Boudin (1824-1898), fut l’un des premiers peintres français à poser son chevalet hors de l’atelier pour peindre la nature et réaliser des paysages.
Boudin expose pour la première fois en 1859 au Salon de Paris. Dans les années 1870-1880, l’artiste acquiert une vraie reconnaissance artistique et sociale. Ses peintures par la capture de la lumière, du ciel et de l’atmosphère annoncent l’impressionnisme.
Quatre-vingts œuvres provenant de la prestigieuse collection de Yann Guyonvarc’h, 10 toiles du musée parisien ainsi que plusieurs prêts du musée des Beaux-Arts d’Agen et du musée d’art moderne André Malraux du Havre sont réunis dans cette exposition. Les œuvres de la collection Guyonvarc’h sont mises en correspondance avec le fonds du musée Marmottan Monet, et mettent ainsi en lumière le dialogue entre Eugène Boudin et Claude Monet qui fut son principal élève et ami.
Organisée en sections, l’exposition retrace le parcours d’Eugène Boudin à travers les régions et paysages que l’artiste a découverts au cours de ses voyages, de la Normandie, Le Havre, Trouville, Deauville, la Bretagne, Bordeaux, Dordrecht, Venise… Eugène Boudin est né à Honfleur en 1824, dans une famille de marins et il a lui-même navigué sur la mer à bord des chalutiers. C’est l’origine de sa passion pour les flots et les nuages. De nombreux tableaux de paysages maritimes montrent une lumière changeante, les reflets de la mer et intègrent des scènes de plage. « Marée basse à Sainte-Adresse » (vers 1856 ) capture la beauté sereine de Sainte-Adresse, petite ville côtière près du Havre. Ses peintures avec un horizon bas, le ciel animé de nuages avec le soleil passant à travers, comme dans l’huile sur toile « La plage de Deauville » 1893, ont fait dire à Camille Corot qu’il est le maître des ciels.
Ses scènes de plage esquissées sur le vif à Deauville et Trouville témoignent de l’essor des stations balnéaires sous le Second Empire mais elles n’ont pas le succès escompté par l’artiste auprès de la bourgeoisie. L’huile sur panneau « La plage de Trouville », l’huile sur toile « Réunion sur la plage » offrent un jeu de lumière sur l’eau et le ciel tout en dépeignant des personnages élégants et guindés.
Eugène Boudin a également séjourné en Bretagne où il a été fasciné par les paysages et les habitants. « Saint Brieuc, bord du Légué » 1870-1873 » est une huile sur toile où le mauvais temps s’annonce. On observe une correspondance entre la représentation du ciel floconneux et la mer agitée où l’écume est visible. « Brest, débarquement des marins dans la rade », 1870, est une peinture emblématique mettant en valeur l’atmosphère portuaire. Les huiles sur toile et sur panneaux témoignent de l’intérêt du peintre pour la représentation des habitants de cette région : « Etude de Bretonne » vers 1857-1862 avec des personnages portant un costume traditionnel breton de type Rosporden ; « Plougastel, sortie de messe » vers 1865-1869 ou « Marché en Bretagne », 1870.
Après la Normandie et la Bretagne, l’artiste peint d’autres ciels comme « Dordrecht, un quai du port », 1884. « Anvers, la flotte anglaise, vient prendre les restes des soldats enterrés dans la citadelle » août 1871, est la seule peinture d’histoire réalisée par Boudin.
Le Havre a été la ville de désillusion d’Eugène Boudin dans laquelle il a vécu un manque de reconnaissance. Cependant, l’huile sur toile « Marine, Les lamaneurs » 1887, lui a valu la médaille d’or à l’exposition universelle, Paris 1889. On y voit la vie portuaire du Havre où les lamaneurs guident les navires à leur entrée dans le port.
En 1893, Boudin effectue un bref séjour à Venise : « Venise, la Salute, la Piazzeta et le Grand Canal, le soir », 1893, dépeint une ambiance de fin de journée en mettant en valeur la basilique Santa Maria della Salute, la Piazzetta et le Grand Canal.
Eugène Boudin a été l’un des précurseurs des impressionnistes et Claude Monet a écrit à la fin de sa vie : « Je dois tout à Boudin ».
Commissariat général
Laurent Manoeuvre, Historien de l’art et ingénieur de recherche au service des musées de France.
Rédaction Annick C. , mai 2025
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