Exposition « On vanishing » de Hans op de Beeck
Une exposition allégorique, contemporaine, entre dérision, retrait et renaissance
Avec Hans op de Beeck, la galerie Templon propose une exposition singulière, poétique, théâtrale, sans descriptif, entre Sculptures, aquarelles et vidéo monochromes avec une mise en scène neutre.
Hans op de Beeck est un célèbre plasticien belge dont le travail porte sur une réflexion sur le sens de la vie, le temps, la mortalité. Il souhaite faire réagir le spectateur avec des éléments simples, parfois surréalistes. Ses œuvres sont ainsi vues pour ce qu’elles représentent au-delà des décors, ce qui permet au visiteur une interprétation personnelle.
À l’entrée de la galerie, apparaît un cavalier ou un cowboy torse-nu,
dans une posture avantageuse. Sur son épaule droite, est perché unsinge tenant un parapluie, impossible de ne pas remarquer la finesse des détails triviaux. Serait-ce une subversion du pouvoir équestre ? Le spectateur est invité à faire l’expérience d’une vision artistique située entre un passé tourné en dérision et un futur allégorique. L’artiste encourage une interprétation individuelle de sa mise en scène.
Dans les deux premières salles, sont rassemblées une dizaine d’œuvres énigmatiques, en mouvement, riches en imaginaire. Les œuvres se racontent elles-mêmes de façon poétique, et donnent l’impression d’une intemporalité. L’univers onirique est accentué par la sculpture de la jeune fille au milieu de la pièce. Celle-ci est
couchée sur un lit immergé dans un paysage aquatique, dormant, entourée de papillons qui volètent de-ci, de-là. Les objets qui l’entourent, sa tasse, sa plume, ses livres et ses carnets de notes, transmettent une personnalité intellectuelle, aimant les arts. La mise en scène est rendue onirique par la présence des papillons et le jardin d’eau embelli par les lotus. On comprend que la jeune fille se trouve dans son lieu de refuge. Au milieu de l’exposition, elle paraît laisser naître en elle une fleur, la beauté de son être.
Dans la seconde salle, se trouve une petite fille apprenant les règles de vie dans la haute société, mais elle porte des chaussures adultes, ce qui apporte une touche humoristique à l’œuvre. Toutefois, son expression faciale indiquant qu’elle est très sûre d’elle, retient le rire du visiteur.
À quelques pas, on distingue une cabane perchée sur une montagne
et entourée d’escaliers, dans l’inspiration des paysages japonais, bonsaï ou encore penjing. Ce pourrait être l’habitation d’un ermite. On peut se demander si c’est le désir d’altitude qui est mis en avant ou simplement le lieu de refuge en haut d’une montagne. Voici peut-être une image de la condition humaine, la lutte pour sa survie face à la précarité.
Une autre œuvre, un court-métrage en noir et blanc reflète les mêmes thèmes, le voyage, le retrait, la renaissance, l’admiration du paysage comme ressource ou oxygène. Les personnages présents sont anonymes, mais transmettent l’image de ceux qui sont amenés à prendre un chemin solitaire, puisent leur force dans la beauté du monde, afin de faire face à l’avenir. Une des scènes poignantes de cette vidéo porte sur le jeune homme dont on voit le squelette desséché reprendre vie, rappelant Ézéchiel chapitre 37.
Au niveau -1, on découvre un arbre isolé, d’inspiration asiatique, semblable à la naissance d’un Sakura éprouvé par l’hiver qui s’en va, le printemps arrivant à grands pas. Après la mort, vient la vie, l’œuvre se focalise sur le « momento mori printanier », comme pour signifier que chaque cycle a une fin. C’est la seule œuvre pour laquelle l’artiste a fait usage de couleur, du rose sur les feuillages.
L’exposition mêle plusieurs registres entre le classique, le contemporain et le surréalisme, mais aussi la fusion de plusieurs arts, dont le théâtre, la sculpture, le 7ᵉ art. Il me semble que le titre « On Vanishing » est vague, sans doute à dessein, et suppose une vie passive subie, la fuite d’une vie limitée ou encore une vie vide de sens (par exemple, dans la vidéo, des personnages isolés dans leur maison, des personnages qui disparaissent). Cependant, accordant une attention particulière à l’ensemble des œuvres et à leur mise en scène, on pourrait se demander si le titre ne pourrait pas être renforcé. Que penserait l’artiste de ma suggestion : « Vanishing for Revival » ?
Sarafina Alverna, octobre 2025





