La majorité de l’exposition porte sur les découvertes archéologiques effectuées dans l’ancienne cité de Tenochtitlan, capitale de la civilisation mexica, le Templo Mayor et son enceinte sacrée (à l’emplacement de Mexico). La découverte d’un monolithe circulaire représentant la déesse Coyolxauh, en 1978, par des terrassiers de la compagnie d’électricité a inauguré un demi-siècle de fouilles archéologiques. L’histoire de l’Empire mexica (1325-1521), longtemps nommé à tort aztèque, était connue et documentée mais sa culture dans les domaines des rituels, de l’art et de l’architecture restait largement ignorée.
Le parcours commence par une sculpture impressionnante représentant un aigle royal, un récipient destiné à un usage rituel. D’après les archéologues, elle servait de réceptacle recevant le cœur ou le sang des sacrifiés. La figure de l’aigle renvoie à Huitzilopochtli, dieu du soleil et de la guerre. L’oeuvre remarquablement taillée montre d’emblée l’importance du sacrifice dans les pratiques rituelles.
Les dieux sont très nombreux dans la civilisation mexica.
– Huitzilopochtli, dieu du soleil et de la guerre porte les armes du combattant. C’est le dieu suprême et le patron de Tenochtitlan.
– Tlaloc, le dieu de la pluie et de l’eau est sans doute le plus honoré au panthéon mexica.
– Quetzalcoatl, le dieu Serpent à plumes est le dieu du temps et de l’espace.
– Le dieu du feu Xiuhtecuhtli est représenté sous la forme d‘un vieillard avec un brasero.
– Une imposante sculpture en basalte représente le dieu du vent Ehecatl sous son aspect anthropomorphe (humain), avec un masque buccal en forme de bec d’oiseau.
– Chachiuhlique-Chi, « celle qui porte une jupe de jade », est la déesse des cours d’eau et de la fertilité.
– Xipe Totec est associé au renouveau de la nature, à la moisson. Il est revêtu de la peau d’un sacrifié.
L’univers est divisé en trois niveaux : le monde céleste (les oiseaux dont l’aigle, le soleil, la chaleur, la sécheresse, le masculin, la force et la guerre), la surface de la Terre (les humains, les plantes et les animaux). Le troisième niveau est un inframonde souterrain (froid, humide, faible, sombre, féminin), lui-même subdivisé en deux espaces : le premier est le lieu des morts où règne le dieu Mictlantecuhtli, dont on peut voir une effrayante représentation ; l’autre est le domaine de Tlaloc, dieu de la pluie, des récoltes dont le maïs, base de l’alimentation. Le monde des morts était proche de celui de la vie… au cœur de la pensée symbolique mexica, tout s’oppose, mais aussi se complète.
La notion de dualité, d’opposition et complémentarité est très présente dans la civilisation mexica. Les exemples sont multiples.
Deux reliefs représentant un jaguar et un aigle, montrent cette dualité, le jaguar est associé à l’obscurité, à l’inframonde pour ses habitudes crépusculaires tandis que l’aigle est associé au soleil.
Une jarre et un brasier symbolisent l’opposition eau-feu.
Une plaque en Jade avec le visage de Tlaloc, dieu de la pluie, s’oppose à un ornement de cheville en or. Le jade étant associé à la terre, l’humidité et la fertilité et l’or au soleil et à la guerre.
A l’arrivée des espagnols, la société Mexica était avancée politiquement et économiquement, socialement hiérarchisée. La capitale Tenochtitlan était une cité prospère peuplée de 200 000 habitants, avec des monuments, de larges avenues, des canaux pour la gestion de l’eau. Le Codex Borbonicus, (prêté par l’Assemblée nationale où il est conservé habituellement) montre la complexité de la pensée mexica. Daté du début du XVIe siècle, ce manuscrit mésoaméricain déploie sur quatorze mètres de long une foule de saynètes polychromes illustrant la vie et les croyances des Mexicas.
La religion et les dieux réglaient la vie des mexicas. La partie de l’exposition consacrée aux offrandes, dont des squelettes d’animaux et d’humains, montre comment ils honoraient leurs divinités : les sacrifices révèlent à la fois leur niveau de vénération et d’imploration envers les dieux. Ils capturaient des animaux dans le but de les tuer pour les offrir aux dieux. Des squelettes d’animaux comme celui d’un puma, d’un loup ou d’aigles décorés en témoignent.
Les offrandes exposées sont de toutes sortes : des braseros, des pots, des marmites, des tambours, des flûtes, des coquillages et des squelettes d’animaux et d’humains dont un squelette d’enfant sacrifié au dieu de la pluie. Il fait partie des squelettes d’une offrande de quarante-deux enfants sacrifiés en 1454 lors d’une très grande sécheresse.
Avec plus de 500 pièces, cette exposition livre d’une manière fascinante les secrets d’un peuple et le rapport qu’il avait avec ses divinités. Elle permet de mieux saisir cette civilisation, son influence et son pouvoir politique et économique
Commissaire général : Leonardo López Luján, Directeur projet Templo Mayor, Museo del Templo Mayor INAH, Mexico
Commissaires associés : Fabienne De Pierrebourg, Responsable des collections Amériques, musée du quai Branly Jacques Chirac, Paris ; Steve Bourget, Responsable des collections Amériques, musée du quai Branly Jacques Chirac, Paris
Commissaire associé : Section contemporaine : Aline Hémond, Professeure d’anthropologie, Département d’anthropologie, CNRS, Université Paris-Nanterre (EREA)
Rédaction : Annick C., juin 2024
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