Visite de l'exposition

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël (1914-1955), peintre exceptionnel, captivé par les spectacles du monde et leurs lumières.

Nicolas de Staël est né à Saint-Petersbourg en 1914. Lorsque la révolution russe éclate, il doit fuir avec sa famille. Il n’aura de cesse de rechercher de nouveaux horizons, de nouvelles expériences qu’il traduit  dans sa manière de peindre. Devenu voyageur infatigable, Nicolas de Staël est fasciné par les spectacles et les lumières du monde. Tout ce qui l’entoure est pour lui, sujet à peindre, une femme, un match de football, un paysage…

Sa pratique de la peinture s’inscrit à un moment où la querelle entre partisans de l’abstraction et défenseurs de la figuration fait rage… il y est indifférent et refuse de choisir ! Il en résulte une oeuvre libre et inventive, ni abstraite ni figurative.

Interrompues par son suicide à 41 ans, la vie et l’oeuvre de Nicolas de Staël semblent une course contre l’urgence. En moins de quinze ans de carrière, il a réalisé plus de 1100 peintures et à peu près autant de dessins.

La rétrospective rend bien compte de la variation des oeuvres produites par l’artiste, et dans son œuvre, chaque année semble correspondre à une période. Il y a une sorte de compte à rebours poignant à parcourir l’exposition : chaque salle, une année… 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955.

Parmi les orchestres et les ballets, on remarque bien sûr son chef-d’œuvre Le Parc des Princes, (huile sur toile de sept mètres carrés). Le 26 mars 1952, l’artiste assiste au Parc des Princes au match amical France-Suède, premier match nocturne du pays à être éclairé grâce à des lampes puissantes.  Le soir même, le peintre entame  une série d’ébauches qui deviendront une quinzaine de tableaux.

Une autre série de dessins et toiles est particulièrement intéressante à voir, celle peinte après son voyage en Sicile avec sa famille, en août 1953. Dans les ruines antiques d’Agrigente, Staaël dessine sur le motif avec un stylo feutre sur du papier : il dessine des colonnes de temple, un village sur une colline, dont plusieurs sont présentés dans l’exposition.

Puis Staël retourne seul en Provence et réalise les tableaux, réinvente les paysages et leurs couleurs saturées, également présentés dans l’exposition. On peut ainsi voir dans le même espace, les dessins sur le vif et les tableaux peints dans son atelier.

Dans une salle  à l’écart des tableaux, le visage de Nicolas de Staël et sa grande silhouette, immortalisés en 1954 par la photographe Denise Colomb, attirent le regard des visiteurs.

Commissariat : Charlotte Barat-Mabille et Pierre Wat

L’exposition sera présentée à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, du 9 février au 9 juin 2024.