Visite de l'exposition

Après les expositions Ron Mueck de 2005 et 2013 à la Fondation Cartier, cette nouvelle exposition présente les productions actuelles de l’artiste. Elle dévoile notamment, outre six œuvres récentes, trois sculptures réalisées spécialement pour l’exposition.

Ces nouvelles installations marquent un tournant dans la carrière de Ron Mueck. Auparavant, il s’attachait à créer des sculptures hyper-réalistes avec une abondance de détails reproduisant le grain de la peau, l’implantation des cheveux et des vêtements bien adaptés. Désormais, il se concentre sur la forme et la composition et ses sculptures sont lisses, monochromes.

L’installation Mass est composée de crânes en fibre de verre et résine, d’une quarantaine de kilos chacun. Ils sont tous identiques, même si certaines mâchoires ont une ou plusieurs dents, d’autres aucune dent. Ils sont faits à partir du même moule, dans deux teintes, blanc et beige, mais tout indice permettant de reconnaître le sexe, l’âge ou l’origine ethnique, a été gommé.

En garde, une autre œuvre au titre français, a été conçue à l’occasion de l’exposition. Ce sont trois énormes chiens noirs regardant dans la même direction, vers les visiteurs, prêts à l’attaque. Leurs corps sont noirs, lisses et seule la forme des côtes et les muscles sont marqués. Ce qui retient l’attention, c’est la posture du groupe.

Trois œuvres emblématiques des années 2000 sont dans un tout autre registre : Baby (2000), petite sculpture d’un bébé qui vient de naître, pour laquelle Ron Mueck a pris comme modèle une image d’un manuel de médecine… le minuscule bébé est cloué aumur ; Man in a Boat (2002) représente un homme assis à la proue d’une longue barque et dont les bras cachent la nudité… que signifie son regard ? ; A Girl (2006), représente un immense nouveau-né (contrairement au petit Baby), maculé de traces de sang, le cordon ombilical encore présent.

Ron Mueck met des mois, voire des années, pour réaliser ses œuvres. On en compte seulement 48 en 27 années de carrière.
Dans presque toutes, même les plus « rieuses », une sorte de tension sous-jacente est palpable.