Visite de l'exposition

« 21 rue de la Boétie » est une adresse connue dans l’histoire de l’art de Paris : elle fut celle de la galerie de Paul Rosenberg, célèbre marchand d’art de l’entre-deux-guerres. Cette exposition revient sur le parcours de cet homme d’affaires et amateur d’art éclairé qui a représenté des grands artistes du début du XXe siècle, tels que Picasso, Matisse, Braque ou encore Léger.

Le parcours de Paul Rosenberg permet de suivre le double tournant que représentent l’émergence de l’art moderne, puis le déplacement du centre mondial de l’histoire de l’art de Paris vers New York, dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. L’exposition traite à la fois de l’histoire de l’art et de l’histoire sociale et politique à ce moment crucial du XXe siècle, dont Paul Rosenberg a été acteur et victime.

Réputé pour ses talents d’homme d’affaires, Paul Rosenberg a été un promoteur infatigable de l’art moderne. La galerie de la famille Rosenberg, au 19 rue de la Boétie à Paris, fait figure de précurseur et réunit l’avant-garde des artistes de leur temps. Plus tard, Paul Rosenberg ouvre sa propre galerie au 21 de la même rue. Il bénéficiera d’un grand nombre de peintures impressionnistes, héritées de son père, et d’un vaste réseau relationnel. Afin de mener à bien ses affaires, il n’aura de cesse d’assurer la promotion de ses artistes en éditant de nombreux catalogues d’art et en organisant de nombreuses expositions. Afin de mieux vendre ses toiles, il aura l’idée de mettre en scène les peintures des grands maîtres dans des décors de salon bourgeois. Ainsi, l’acheteur peut se représenter les tableaux dans son intérieur !

Cependant, cette belle histoire sera menacée et interrompue par l’arrivée au pouvoir d’Hitler et par l’occupation allemande en 1940. L’art moderne est mis au pilori et les artistes dits « non conventionnels » sont placés dans la catégorie de « l’art dégénéré ». La galerie et une partie considérable des œuvres de Paul Rosenberg sont saisies. Le marchand s’exilera aux Etats-Unis où il continuera son activité sur place face à un marché de l’art américain en pleine explosion.

Après la guerre, c’est le temps de la restitution des œuvres. La famille Rosenberg n’a pas encore, aujourd’hui, récupérée l’intégralité de sa collection. L’exposition bénéficie du soutien de la petite-fille de Paul Rosenberg, Anne Sinclair, auteur du livre éponyme « 21 rue La Boétie » (Editions Grasset & Fasquelle, 2012).