Visite de l'exposition

L’exposition Oskar Kokoschka. Un fauve à Vienne réunit une sélection de 150 oeuvres remarquables de l’artiste grâce au soutien d’importantes collections européennes et américaines.

Peintre, mais aussi écrivain, dramaturge et poète, Oskar Kokoschka est un artiste engagé, dans la Vienne artistique et intellectuelle du début du XXe siècle. Il parvient à exprimer les états d’âme de son époque. Ses portraits dévoilent toute l’intériorité de ses modèles, ils sont si expressifs qu’ils ne plaisent pas à tous les commanditaires !
Volontiers provocateur, il devient pour la critique l’enfant terrible de l’avant-garde, critique qui l’appelle d’emblée « le fauve ».

Après sa rupture avec la compositrice Alma Mahler avec qui il entretient une relation entre 1912 et 1914, Kokoschka s’engage dans l’armée au déclenchement de la Première Guerre mondiale, dans le régiment des dragons impériaux. Il doit vendre l’un de ses chefs-d’œuvre, « La Fiancée du vent » , pour acheter un cheval. Blessé deux fois, en 2015 et 2016, il est déclaré inapte au service militaire.

Au cours des années 1920, Kokoschka voyage en Europe, en Afrique du Nord, puis en Orient. Les paysages, les vues urbaines, les portraits et même des peintures animalières (des portraits d’humains et d’animaux, comme il les appelle), qu’il réalise alors, changent de style, explorant de nouveaux rapports de couleurs.

Engagé contre le nazisme, ses œuvres sont retirées des musées, dès le début des années 1930, voire saisies et exposées en 1937 dans l’exposition itinérante « Art dégénéré » . On ne manquera pas son autoportrait sans équivoque  « Autoportrait en artiste dégénéré » (1937).

En exil en Angleterre (1938-1946), Oskar Kokoschka continue d’affirmer le pouvoir subversif de la peinture en utilisant différents registres, mythologiques, satiriques ou bien populaires mais il affirme aussi son pacifisme et son engagement pour la réconciliation des peuples à travers la publication d’articles et des affiches qu’il fait placarder. Kokoschka a réalisé de nombreuses affiches au cours de sa carrière, illustrant autant ses préoccupations personnelles que son engagement politique.

Sur le parcours chronologique de l’exposition, le visiteur pourra s’arrêter notamment sur :
« Le Saint Suaire de Véronique », (1909), sur ce tableau, les mains ne passent pas inaperçues comme souvent sur les peintures de l’artiste.

Dans le portrait du « Père Hirsch » (1909), l’artiste dévoile les dents de Moritz Hirsch au point que le public scandalisé par cette représentation a considéré qu’il caricaturait ses modèles.

L’huile sur toile « Enfants jouant » (1909) qui mêle tendresse et agressivité par le poing fermé de la petite fille refusant la main tendue de son frère fut lacérée par un visiteur.

L’huile sur toile « Paysage des Dolomites, Tre Croci » (1913), peint lors d’un voyage avec Alma Mahler dans Les Dolomites, révèle un paysage d’un vert/bleu vibrant.

Les dessins réalisés en 1916 sur le front en Ukraine, en tant que peintre de guerre, ne montrent pas la violence des combats. Une telle vision du conflit n’était pas tolérée par la censure, comme l’attestent « Front d’Isonzo, le Baka (Poilu) dans les tranchées », « Front d’Isonzo, Tolmino » ou encore « Front d’Isonzo, l’église de Selo ».

« Le Tigron », peint au zoo de Londres en 1926, représente un animal croisé entre un tigre et une lionne, la gueule ouverte. La férocité et la puissance de l’animal se dégagent à travers les multiples couleurs et coups de pinceau.

Des tableaux réalisés lors de ses nombreux voyages sont également présentés. Le visiteur pourra s’attarder sur « Le Marabout de Témacine » (Algérie, 1928), considéré comme une œuvre d’art dégénérée par les nazis.

Poursuivant son engagement politique, l’huile sur toile « Déchainement de l’énergie nucléaire » (1946-1947), est une allégorie dénonçant la menace de l’énergie nucléaire.

Dans son dernier autoportrait, « Time, Gentlemen please » (1971-1972), son expression est forte, il avance décidé vers la mort que l’on aperçoit par la porte entrebâillée.

Commissariat général : Fabrice Hergott, directeur du Musée d’Art Moderne de Paris
Commissaires : Dieter Buchhart Anna Karina Hofbauer, commissaires d’exposition ; Fanny Schulmann, conservatrice au Musée d’Art Moderne